À Tramelan, ce sont environ 3500 personnes qui ont franchi les portes du CIP le week-end dernier afin de rencontrer les artistes invités par le festival de bande dessinée Tramlabulle.
Les passionnés de phylactères se sont donné rendez-vous pour la 27e fois au CIP à Tramelan. Une longévité record. Une nouvelle fois, cette vénérable institution a su séduire petits et grands, favoriser les rencontres entre autrices, auteurs et un public qui a donc répondu présent. Cette année, la part belle a été faite aux bandes dessinées jeunesse. Elles ont rencontré un large succès et les auteurs français BeKa (Les cœurs de ferrailles), Mini Ludvin (Le grimoire d’Elfie) et Jérôme Pélissier (Brume), ont enchaîné les dédicaces auprès de visiteurs avides de découverte.
Pari gagné pour le manga
La suissesse Yami Shin et le couple français Anne et Minh Delfosse-Truong ont eu le plaisir d’inaugurer l’ouverture du festival aux auteurs de manga. Une initiative saluée par le trio qui a apprécié son séjour tramelot et dont le succès a tout de même surpris les organisateurs. « Nous pensions attirer un public d’adolescents, nous nous sommes rendu compte que les adultes lisaient également des mangas, relève Mathilde, libraire sur le festival, certains ont même carrément acheté l’ensemble des 7 volumes de Green Mechanic, la série de Yami. » La jeune fille, elle-même lectrice de BD en tout genre et de romans young adult, n’a pas manqué de relever les bonnes ventes de la librairie « grâce à la qualité des auteurs invités. »
De nouveaux lecteurs
Plusieurs artistes de France et de Belgique ont fait le déplacement pour la première fois à Tramelan et même en Suisse. C’est notamment le cas du dessinateur Nicolas Van de Walle venu de la région de Liège. « J’ai gagné de nouveaux lecteurs, ils ont découvert mes séries, je pense qu’ils vont dorénavant me suivre. » Enchaînant les dédicaces tout au long du week-end, un autre belge, le dessinateur de l’affiche de cette 27e édition s’est fait remarquer par une tenue peu protocolaire lors de la cérémonie d’ouverture. Pied nu, et chaussé très simplement des pantoufles du CIP, Alain Henriet a expliqué que sa balade matinale en forêt avait complètement trempé ses chaussures. « Finalement, j’ai tenu le coup grâce à ces sandalettes, elles m’ont permis de ne pas avoir trop chaud tout au long du festival », explique-t-il hilare.
Le racisme en BD.
Bertrand BeKa, scénariste a succès, a notamment animé une master classe au ceff-COMMERCE situé à quelques mètres du festival. Il s’est réjoui de sa première visite en Suisse et a apprécié la qualité de l’accueil. Humble, l’auteur n’a pas hésité à multiplier les rencontres avec le Jury des jeunes lecteurs. « Ce sont les prix que je préfère. L’esprit des adolescents n’est pas encore formaté. Ils ont su saisir l’essence du message que nous souhaitons faire passer avec José Luis Munuera, le dessinateur des cœurs de ferraille. » Cette série rétro-futuriste traitant de racisme a fait écho à l’exposition du valaisan Daniel Thurre intitulée : Un monde en noir ou blanc. L’historien de l’art s’est réjoui du succès des visites guidées d’un travail conçu en exclusivité pour Tramlabulle. « Je me suis intéressé aux représentations des Africains et Afro-américains dans la BD. Ces dernières reflétant souvent l’esprit de l’époque où elles ont été mises en scène. »
Le comité d’organisation, satisfait de cette 27e édition, annonce être prêt à repartir pour 2025 « afin de continuer à inviter le public à réfléchir sur des thèmes de société, le distraire bien évidemment, mais surtout pour offrir à la population du Grand Chasseral l’accès à des autrices et des auteurs de qualité. »